La pouponnière.

Patte Céleste et Petite Merveille furent déposées là par les deux guerrières. La petite chatte crème s'assit, alors que sa soeur, dont les yeux bleus brillaient d'incompréhension, essayait de sortir, son pelage noir d'habitude lustré était désormais ébouriffé. Arabesque de Couleurs, une guerrière grise tachetée de blanc et de noir leur apporta de la mousse fraîche, qu'elle étala sur le sol de la pouponnière jusqu'à en faire une sorte de lit. Patte Céleste et sa soeur se blottirent l'une contre l'autre, roulées en boule elle étaient minuscule. Elle sentit, à sa respiration devenue régulière, que sa soeur s'était endormie. Elle, n'arrivait pas. Elle voyait toujorus le blaireau prendre sa mère entre ses crocs et en leurs hurlant de partir. Son pelage crème, toujours soyeux, doux, lustré, brillant, était désormais poisseux, et rouge. Rouge. Au seul nom de cette couleur, la chatonne frissonna. Elle se leva, en prenant soin de ne pas déranger sa soeur, qui dormait a points fermés. Elle sortit en douce. Il n'y avait plus personne dans le camp. La chatonne crème se faufila hors du campement. Elle se dirigea vers l'endroit où sa mère avait été tuée, et où les deux chats l'avaient enterrée. Enfin ele arriva. C'était une clairière, une clairière comme les autres, éclairée par la lune qui venait de se lever, balayée par la brise du soir, dont le silence n'était brisé que par les bruissements des feuilles, les craquements des brindilles. Derrière chaque bruit, chaque buisson, la petite chatte s'imaginait surgir un immense blaireau, dont les yeux noirs brilleraient de haine et de colère, de l'envie de tuer. Dont le pelage noir et blanc serait souillé par le sang de sa mère et de ses soeurs. Elle s'approcha d'un petit tas de terre, sûrement l'endroit où sa mère avait été enterrée. Elle s'assit a la limite entre l'herbe et la terre. Elle baissa la tête et ferma les yeux. Une larme cristalline s'écoula sur son petit museau, avant de s'écraser sur l'herbe douce, qui se mouvait au gré du vent. Lorsque Patte Céleste rouvrit les yeux, la lune était déjà haute dans le ciel. Combien de temps était-elle restée ainsi ? Elle n'en avait aucune idée, tout ce qu'elle savait c'est qu'elle était restée longtemps. Soudain, elle se rappela, ses soeurs ! Elles n'avaient pas été enterrées, leurs corps devaient toujours se trouver dans la clairière près de la rivière. La chatonne se dirigea vers la rivière. Elle s'arrêta net devant l'eau. La rivière semblait plus effrayante de nuit. En inspirant un grand coup, Patte Céleste se jeta a l'eau, heureusement le niveau était assez bas, et la chatonne put traverser sans encombres. Elle remonta la pente qui menait a la clairière et s'arrêta. Un bruit d'écoulement et de gouttes attira son attention. Elle orienta ses petites oreilles vers le bruit, et ses petits yeux bleus clairs en cherchèrent la source. Cette source, qu'elle aurait préféré ne pas trouver. Un petit corps roux était étendu sur une pierre, et le sang s'écoulant de ses plaies formait une sorte de ''cascade'', qui s'écoulait, et qui tombait par gouttes sur un autre rocher, plus petit que celui sur lequel le corps était étendu.
« - Abeille ?!, fit la chatonne en s'approchant. »
Effectivement, le petit corps roux était celui de sa soeur, enfin ce qu'il en restait. Une des oreilles étaient littéralement déchirée, tandis que les pupilles ouvertes s'ouvraient sur deux orbites vides. Patte Céleste eu un haut le coeur. Elle recula et tomba du rocher, elle se releva en vitesse et détala. La chatonne trébucha sur un autre corps, blanc celui-ci.
« - Myrtille, s'épouvanta la chatonne, n'osant pas regarder, de peur que sa soeur soit dans le même état qu'Abeille. »
Elle sentit sous son pelage une sorte de liquide froid et visqueux. Elle se laîcha le poitrail pour enlever cette sensation de froid, et le goût qui lui parvint la fit hurler d'épouvante. Des oiseaux s'envolèrent, ce qui la fit sursauter. Dans sa bouche, le goût'acre et salé du sang se rependait. Elle recula et se retourna pour détaler ventre a terre. Elle ne regardait plus où elle allait, d'ailleurs elle ne le savait même pas, mais elle s'en fichait. Après quelques secondes de course, ses muscles commencèrent a lui faire mal, et ses forces a faiblir. Elle s'effondra au pied d'un arbre, exténuée. En entendant du bruit, elle reconnut les buissons qui formaient l'entrée du camp. Elle était arrivée au camp ! Et si ses souvenirs étaient bons, lorsque les deux chats les avaient ramenées, elles étaient passées devant un ruisseau, juste avant d'arriver. La petite chatte crème retourna sur ses pas, ayant plus que hâte d'enlever le goût du sang. Elle arriva enfin devant le petit ruisseau. Un campagnol s'enfuit a son arrivée. Elle s'approcha de l'eau et en lapa quelques gorgée. L'eau fraîche lui fit du bien, elle en profita pour sauter dedans, pour laver le sang qui imbibait son pelage. Lorsqu'elle eut fini, elle se secoua et retourna sur ses pas. Puis elle se rappela que personne n'était censé savoir qu'elle était partie ! Elle ne pouvait pas débarquer au campement comme si de rien n'était. Elle pris le même chemin que celui qu'elle avait pris a l'allée, c'est-à-dire le passage derrière la pouponnière et se faufila a l'intérieur. Sa soeur dormait toujours. Elle se blotti contre elle, faisant attention de ne pas la réveiller. Patte Céleste sursauta lorsque Petite Merveille grogna, mais sans se réveiller. La chatonne soupira de soulagement et s'endormit, toute odeur ou goût du sang disparu. Tout ce qu'elle espérait, c'est que son pelage serait sec le lendemain.